Emporté par la foule
Je deviens de plus en plus sauvage.
Pas une sauvagerie sexuelle, pas de violence non plus. Simplement, l'impression de m'éloigner des gens, de rechercher la solitude, de fuir les événements accompagnés, les moments partagés. Non pas que je m'enferme chez moi non plus. Au contraire. Je suis de nouveau célibataire et je redécouvre les terrains de chasse en tous genres, les sorties improvisées et les coups de folie. Mais seul. Au milieu de la foule, certes, mais seul.
C'est la phobie, je n'ai aucun doute là-dessus. La phobie me confine dans cette peur du regard de l'autre. Accompagné et à l'extérieur, j'ai toujours cette petite boule d'angoisse, cette anxiété. Je crains toujours que le pire n'arrive. Il n'arrive pas mais cette peur devient anticipation. La peur de la peur. Un classique chez les phobiques. Du coup, j'évite. Classique aussi.
Tout est clair. Je recherche l'anonymat. Pour n'avoir de comptes à rendre à personne, pour pouvoir me sentir libre et fuir quand le souhaite. C'est plus facile pour se lancer des défis, pour oser. J'ai moins peur de l'échec.
Mais je sais aussi que je ne pourrai pas vivre comme ça éternellement. Quoique.
Un jour, je devrai bien rencontrer un autre garçon, repartir à zéro, le voir, puis le revoir. Surmonter ces angoisses et revivre un amour.
En attendant, j'évite. Même d'y penser.
J'évite les amis, les amours, les amants.
Je vis seul. Au milieu de la foule.